28 Août 2020
En souvenir de Lady Marianne qui demeure, tendrement, dans nos pensées et maintenant, régi par Fardoise et Lilou.
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Le thème proposé pour le samedi 29 août par Lilou est « Bruegel dans tous ses états »... Exploration d'oeuvres d'un membre de la lignée des Bruegel. Sur le blog de Fardoise, cette semaine, pour les liens vers les publications.
Ce thème est l'occasion d'accomplir un voyage à travers une vision de l'art, une vision foisonnante, savante et profondément humaniste. C'est un voyage d'où résulte une symphonie de couleurs et le plaisir de se laisser porter par de subtils jeux de formes et par le souffle des matières.
J'ai eu envie de présenter deux oeuvres de Pieter Brueghel, dit l'Ancien, l'un des maîtres de la Renaissance Flamande, né aux alentours de 1525/1530 et décédé en 1569, qui épousa, « après » une relation amoureuse tumultueuse avec une servante, une jeune femme nommée Mayken Coecke.
(J'évoque la lignée des Bruegel afin de bien situer l'artiste choisi dans cette dynastie...)
Mayken Coecke était la fille de deux grands artistes : le peintre et architecte-scénographe Pieter Coecke Van Aelst (1502-1550), maître anversois et initiateur de Pieter dans le monde des arts, et l'aquarelliste, miniaturiste et graveuse Mayken Verhulst (1518-1596 ou 1599).
Avec Mayken Coecke, Pieter Brueghel eut deux fils dont le talent n'est plus à démontrer : Pieter Brueghel le Jeune (1564-1638), dit Brueghel d’Enfer, et Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), Jan I dit Brueghel de Velours.
Pieter Brueghel le Jeune et Jan Brueghel l'Ancien se virent enseigner différentes techniques picturales par leur grand-mère Mayken Verhulst, connue aussi sous le nom de Marie Bessemers et considérée comme l'une des artistes féminines majeures aux Pays-Bas.
La lignée des Brueghel se poursuivit avec Jan Brueghel l'Ancien qui eut deux fils peintres : Jan II dit le Jeune (1601-1678) et Ambrosius (1617-1675). Jan II eut à son tour deux fils artistes : Abraham (1631-1697) et Jan-Baptist (1647-1719).
Le nom « Brueghel », qui s'écrit de plusieurs façons (Breugel, Breughel, Brueghel, Bruegel) est vraisemblablement lié à un village situé près de Bréda, dans le sud des Pays-Bas.
Plaisir esthétique avec La Fenaison, une huile sur panneau de bois datant de 1565, que l'on peut admirer à Prague, dans le palais Lobkowitz, parmi les beautés de la collection Lobkowitz.
J'aime énormément ce paysage de collines, de champs, de prairies, de rivières dans lequel s'inscrit l'activité de fenaison. Les personnages sont très vivants : les trois femmes d'âges différents qui marchent au premier plan, les paysans vus de dos qui avancent, ceux qui s'occupent de l'énorme meule située plus au fond de l'image et celui qui tient sa faux, dans un creux d'ombre, à l'orée du chemin...
Pieter Bruegel l’Ancien fut un dessinateur extrêmement talentueux et un peintre des plus accomplis. Un metteur en scène qui réalisa des paysages dotés d'une myriade de détails lui permettant de se livrer à une observation très attentive de la Nature. Il aima peindre ses contemporains dans leurs activités quotidiennes et représenter, de multiples fois, le peuple dit du Pagus : autrement dit, les paysans qui travaillaient dans les champs ou festoyaient après leur labeur. Il prenait plaisir à participer aux noces paysannes dans lesquelles il « collectait » des éléments utiles pour créer des saynètes souvent fantasques et truculentes. A ce sujet, il se vit qualifié de « Bruegel le Drôle ».
Il peignit les petites gens, ceux qu'on ne voulait pas voir (Les Mendiants) ou qu'on ne jugeait pas dignes d'attention. Il s'intéressa aux problèmes de son temps, aux guerres, à l'oppression espagnole sur les Pays-Bas, aux tensions religieuses qui animaient villes et campagnes.
Il apprécia les visions fantastiques, gothiques, audacieuses et hallucinées de Jérôme Bosch (vers 1450-1516) et il se passionna aussi pour l'art italien. En 1552, il avait effectué un voyage en Italie pour découvrir les Antiquités Grecques et Romaines et les variations lumineuses, les brumes et les soies nacrées des paysages alpins.
Il poursuivit son travail en 1555, chez un éditeur de gravures Anversois et à partir de 1563, il s'installa à Bruxelles.
En deuxième œuvre, j'ai choisi La Tour de Babel... Un tableau, datant de 1563, qui me fascine depuis longtemps. De cette huile sur bois aux teintes fines et précieuses émane quelque chose de très particulier. Lorsque l'ambition humaine veut toucher le Ciel, territoire de spiritualité, Dieu réagit... Les hommes, après le Déluge, entreprennent, dans le pays de Shinar, de construire une tour mastodonte, une créature faite de matériaux cristallisant les désirs, les passions, les rêves... Une tour ogresque, à la fois belle et effrayante !
Sous l'obédience du roi Nemrod, réputé être le premier roi après le Déluge, les hommes persistent dans leur délire de grandeur et Dieu brouille leurs propos. Tout langage devenant inaudible, les hommes s'éparpillent sur la Terre et abandonnent la construction de la tour.
L'une des forces artistiques de Pieter Brueghel l'Ancien réside dans son talent à transcrire la profondeur, à attirer les regards des spectateurs vers des mondes lointains comme si chacune de ses œuvres ouvrait sur un au-delà mystérieux. L'artiste, avec sa brillante « manière » invite à réfléchir, à faire preuve de libre arbitre, à repousser les excès des religions et ce qu'il considérait comme du fanatisme religieux.
Des siècles après qu'il ait vécu, on demeure saisi par l'étendue de ses capacités créatrices...
En vous souhaitant une rentrée qui soit la meilleure possible... je souffle vers vous des pensées affectueuses. Merci de votre fidélité, chers Aminautes et gros bisous !